9 Juillet 2021
"Ici commence un monde sauvage, âpre et doux". La phrase est de Sarah Bernhardt, la célèbre comédienne française de la fin du XIXème et du début du XXème siècle. Elle décrit ainsi le coin de Belle-Ile dont elle est tombée amoureuse à l'âge de 50 ans et où elle a décidé d'aménager une résidence secondaire dans un fortin désaffecté. C'est la presqu'île (ou la pointe) des Poulains où nous sommes rendus aujourd'hui, sous, ô miracle, le soleil.
Sous un beau ciel bleu, l'endroit est conforme à l'idée qu'on se fait aux jolis mots de "Belle-Ile" : une plage qui tire sur le blanc et des eaux turquoises.
La pointe des Poulains.
Ce n’est ni la Martinique, ni la Guadeloupe, mais l’endroit a un petit goût d’Eden pour âmes solitaires. Sarah Bernhardt l’a bien compris. Elle écrit : « La première fois que je vis Belle-Ile, je la vis comme un havre, un paradis, un refuge. J’y découvris, à l’extrémité la plus venteuse, un fort, un endroit spécialement inaccessible, spécialement inhabitable, spécialement inconfortable et qui par conséquent, m’enchanta ».
Marie-Christine et Hilde ont visité la maison musée consacrée à l’artiste (8 euros par adulte), tandis que Maxime, Alain et moi avons emprunté le sentier côtier à la découverte de panoramas maritimes dont on ne se lasse jamais. Sarah Bernhardt a laissé une empreinte sur la presqu’île. Une empreinte historique évidemment en raison de sa présence dans le fort : elle était appréciée des Bellilois qui l'appelaient "la Bonne Dame de Pen-Hoët", du nom de sa dernière maison, comme l'explique le site internet de la Pointe. Et une empreinte écologique qui hélas n’est pas très positive. La comédienne a fait venir énormément de monde sur la presqu’île, devenue aussi un lieu de pèlerinage pour ses admirateurs. Conséquence : beaucoup de piétinement qui ont mis à mal la flore et la faune locale. Il a fallu quelques années pour reconstituer la beauté sauvage des lieux, comme l’explique très bien l'exposition sur la gestion des espaces naturels accessible en visite libre dans le Phare des Poulains.
Le sentier côtier dont on ne se lasse pas.
La presqu'île se transforme carrément en île en fonction des marées. Elle tire son nom du breton "Beg-er-Bolenn" (la pointe des roches isolées) ou "Poul Awen" (trou aux eaux tumultueuses) qui en se francisant est devenu la pointe des Poulains. Point de chevaux mais énormément d'oiseaux comme le goëland évidemment ou encore le crave à bec rouge, emblématique de Belle-Ile. Nous avons même surpris au cours de notre balade le long du sentier côtier un faucon crécerelle un peu perdu au milieu des espèces maritimes.
Marie-Christine et Hilde ont été enchantées par leur visite de l'espace muséographique consacrée à Sarah Bernhardt. Le mobilier de sa villa a été reconstitué avec des meubles d'époque. Fréquemment endettée, l'actrice avait dû revendre les originaux. La Pointe des Poulains compte trois lieux à visiter: l'espace Sarah Bernhardt, le phare et la Maison du Littoral qui permet de mieux comprendre la richesse écologique de l'endroit situé à l'extrémité nord de l'île. Un lieu incontournable pour celles et ceux qui se rendent à Belle-Ile.
Ici commence un monde sauvage, âpre et doux
La maison de Sarah Bernhardt.
Nous avons terminé l'après-midi à Palais, là où nous sommes arrivés en bateau depuis Quiberon. C'est la capitale de l'île avec ses 2.500 habitants. Le port est surplombé par un impressionnant fort Vauban qui vaut une agréable promenade le long de l'enceinte. Les bistrots et les magasins, aux façades colorées, ont des noms sympas qui m'ont fait sourire comme "les Niniches" ou "J'peux pas, j'ai Belle-Ile". Nous avons pris un verre sur le port avec une bière locale, joliment houblonnée, qui fut une agréable surprise au palais, "Belle-Ile-on-Air", brassée lors du festival musical du même nom.
La capitale de Belle-Ile.
Et deuxième demi-finale de l'Euro pour terminer cette belle journée. L'Angleterre a vaincu le Danemark. Je supportais les Anglais. Par solidarité insulaire évidemment.