Marquise, entre les deux Caps

Le cap Blanc-Nez

Il y a les îles Marquises, au milieu de l'océan Pacifique, entre le cap Horn et le cap Leeuwin. Puis il y a Marquise, au bord de la Manche, entre le cap Gris-Nez et le cap Blanc-Nez. Si je rêve toujours de me rendre dans les premières, par amour pour Jacques Brel, la cité de la côte d'Opale est un peu plus près. A une heure et quarante-cinq minutes environ de Tournai.  Et sous le soleil, qui nous a accompagnés pendant deux jours, la région ne manque pas de charme, même si les vahinés ne sont pas au rendez-vous.

Wissant et sa plage sur laquelle la mer gagne du terrain.

Marie-Christine a réservé une chambre d'hôte à la Ferme du Guindal. Le gîte est coincé entre une zone industrielle et une zone commerciale, ce qui est de prime abord plutôt rébarbatif, mais une fois à l'intérieur, on est comme dans un petit cocon. Puis la gérante des lieux fait oublier l'environnement grâce à sa sympathie mais aussi et surtout grâce à un délicieux accent de ch'Nord-Pas-de-Calais.

L'église de Marquise.

Marquise est admirablement située presque pile-poil entre les deux caps et à vingt minutes de voiture à peine de la plage la plus proche. Avant de prendre nos quartiers, nous avons fait une balade à Wissant, une très jolie station balnéaire qui multiplie sa population par huit en été mais qui par bonheur a échappé à l'appétit des gros promoteurs immobiliers qui ont défiguré la côte belge. La cité est peuplée de jolies petites maisons grises ou blanches selon l'humeur du ciel. Une petite mauvaise surprise cependant: la digue est interdite aux toutous, même si personne ne respecte l'interdiction. Nous avons quand même fait attention avec Mila. Nous avons donc emprunté la plage pour longer les dunes en direction du cap Blanc-Nez. Pour nous dégourdir les jambes et les pattes.

Entre Wissant et le cap Blanc-Nez.

Un grand panneau d'affichage rappelle à l'entrée de la plage que la côte d'Opale est victime d'une grave érosion côtière, la mer gagnant du terrain sur la terre des deux Caps. Nous en avons eu un petit aperçu, puisque la marée nous a rapidement acculés contre les dunes et nous a empêchés de gagner le cap Blanc-Nez. Nous avons dû couper à travers la plaine et revenir à Wissant en longeant la route. Il faut bien se renseigner sur l'horaire des marées. L'office du tourisme distribue d'ailleurs une petite brochure d'information bien utile mais que nous nous sommes procurée après... notre balade. Un hélicoptère longe la côte tous les jours pour vérifier s'il n'y a pas de promeneurs imprudents.

L'école de Wissant.

Marie-Christine s'est acheté un très beau livre sur les peintres de Wissant ("l'école de Wissant et ses peintres, Art et Histoire de Wissant, 2015, 23 euros). Il y a même un sentier des Peintres (3 ou 7 km) que l'on peut parcourir sur les traces des ateliers de ces artistes et des paysages qui les ont inspirés. Il y a Adrien Demont, Virginie Demont-Breton, Henry Jacquet, Henri Duhem, Félix Planquette, etc. Il y aussi le sculpteur Edouard Houssin qu'un panneau didactique présente comme l'ami des peintres et à qui l'on doit un très beau-relief qui représente des pêcheurs poussant une barque. 

La carte.

De mon côté je me suis procuré la carte des randonnées avec dix parcours VTT et dix parcours pédestres. Mais, attention, elle est plutôt sommaire et le balisage n'est pas toujours au top, mais elle donne malgré tout quelques belles idées de balade (à télécharger ici). Par contre le guide touristique des deux Caps est très complet (et gratuit). Il reprend tous les incontournables de la région. Nous avons mangé une crêpe dans une gargote de la rue du Professeur Leloir tenue par une petite dame bien sympathique. 

Le cap Gris-Nez jonché de panneaux didactiques.

De Wissant, nous sommes passés au cap Gris-Nez en voiture. Nous y avions déjà été lorsque Maxime et Valentine étaient plus petits. L'endroit a bien changé avec des panneaux didactiques, remarquablement illustrés, tout au long du parcours qui conduit aux différents belvédères. On y raconte la géologie, la faune, la flore, l'influence de la dernière guerre mondiale, la mer, le phare du Fort, etc. Je comprends mieux maintenant pourquoi certaines plages sont jonchées de grosses pierres ovoïdes et jaunâtres: il s'agit d'agglomérations de grains de sable qui au fil du temps et sous l'influence de l'eau se sont détachées des falaises. Les gens du coin les appellent même des "œufs".

Les "œufs" de la côte d'Opale.

Sous le soleil couchant, la balade le long de la plage au pied du cap Gris-Nez était non seulement vivifiante mais grisante. Nous avons même rencontré des Tournaisiens en balade avec leur Border collie. C'est fou le nombre de Belges que l'on croise le long de la côte d'Opale. Et pas seulement des francophones dégoûtés par l'alignement d'immeubles le long de la Vlaamse Kust, mais aussi beaucoup de néerlandophones à la recherche d'une nature authentique. 

Au pied du cap Gris-Nez.

La journée aurait dû nous donner envie de goûter aux fruits de mer, mais nous avons mangé une... choucroute au restaurant "Entre Terre et Mer" qui se trouve juste en face de notre chambre d'hôte à Marquise. Une adresse à conseiller, tant le personnel est drôle et sympathique. Nous n'avons croisé que des gens souriants à la côte d'Opale. Et avec les joues rosées. L'effet du soleil de Marquise....

La deuxième journée promet.