D'Auray à Poul-Fetan, un voyage dans le temps

Le port de Saint-Goustan.

Retour sur le continent pour notre deuxième semaine de vacances. Mais nous restons en Bretagne dans un gîte aménagé avec goût à Plumergat, dans le Morbihan. C'est avec une pointe de nostalgie que nous revenons dans cette fascinante région de France. Valentine n'est pas du voyage cette année, mais il y a un peu plus de 24 ans, pratiquement jour pour jour, notre fille faisait ses premières nuits complètes sous le ciel breton. Nous l'avions emmenée avec nous en vacances alors qu'elle était âgée d'à peine trois mois dans un gîte dont le nom m'échappe mais qui commençait par Coët...

Trinité-sur-Mer.

Est-ce en raison de l'air du grand large, de l'éternité de ses mégalithes ou de ses innombrables légendes? Toujours est-il que la Bretagne dégage une force tranquille qui fait que je m'y suis toujours senti bien à chaque visite, la première fois à l'âge de 16 ans pour une randonnée à vélo dans la région de Quimper.

Pour notre première balade, nous nous sommes rendus à Auray, une ville ancienne bercée par la rivière Loc'h (ou rivière d'Auray). Elle vaut surtout par son port de Saint-Goustan aux ruelles étroites, aux maisons en pans de bois et à ses quais squattés par des voiliers aux couleurs vives. En mettant l'œil dans l'objectif de mon appareil photo, j'ai ressenti un air de déjà vu. En effet, m'a rappelé Marie-Christine, nous y sommes passés il y a 24 ans. L'endroit n'a rien perdu de son cachet, excepté que la mer était à marée basse avec les bateaux figés dans la vase.

Le pont du XIIème siècle d'Auray.

Le pont du XIIIème siècle, plusieurs fois détruit et rebâti, notamment suite à un ouragan, est une histoire à lui tout seul. Il est devenu le logo de la ville. "Le pont tout à la fois relie et sépare, c'est un trait d'union et une frontière. C'est sur le pont qu'on s'assied, qu'on devise, qu'on parlemente et qu'on en découd parfois", écrit un historien local, dont le texte figure sur un des panneaux didactiques. 

Nous avons remonté la rue du Château, jalonnée de nombreuses boutiques d'artisans, vers la place de la République où trône une jolie mairie. Nous avons mangé sur la place aux Roues au Café Latté qui fait de très bonnes pizzas. La bière régionale Saint-Erwann ne m'a pas convaincu par contre. Marie-Christine a visité l'église Saint-Gildas avant que nous redescendions vers le port de Saint-Goustan qui est la partie la plus plaisante d'Auray. Un paysage pour les peintres incontestablement. Nous sommes ensuite remonté par la rue Saint-René, au charme étroit, pour regagner la voiture garée sur le parking près du cimetière (conseillé, il est gratuit). 

Dans les rues d'Auray et les ruelles du port Saint-Goustan.

Nous sommes repartis vers l'intérieur des terres. J'avais l'idée de visiter Pluvigner, comme le conseillait le guide officiel de la baie de Quiberon, mais l'église qui contient, paraît-il, une riche collection d'orfèvrerie, était fermée. Etonnant  pour un dimanche. La commune peut être le point de départ pour le tour des chapelles régionales, mais nous avons préféré remonter plus au nord vers Pontivy. Sur la route, Maxime a découvert, en surfant sur internet, un intéressant village à visiter : Poul-Fetan. Ne le cherchez pas sur le GPS: il s'agit d'un vieux village breton du XIXème siècle qui a été reconstitué par des passionnés d'histoire régionale. Il se situe sur la commune de Quistinic, qui est un peu isolée dans la campagne du Morbihan, mais la visite vaut bien les quelques lacets forestiers qui y mènent. 

Les animateurs du village breton sont en tenue d'époque.

C'est en effet une belle découverte.  La dame à l'entrée a été super sympa. Comme nous sommes arrivés relativement tard, vers 17h alors que le site ferme à 19h30, elle nous a fait un billet valable (11 euros par adulte) pendant un an pour que nous puissions assister plus tard aux animations du début d'après-midi que nous avions ratée. Des animateurs et animatrices expliquent ce qu'était la vie en 1850 dans un village breton: le travail du bois, les activités paysannes, la confection des costumes, la vie des femmes au lavoir, la fabrication du cidre, etc. Nous avons écouté une dame expliquer comment les Bretons se soignaient autrefois avec les plantes; un touriste, un Parisien probablement, n'a pas pu s'empêcher de la reprendre plusieurs fois, comme s'il savait mieux que tout le monde. Agaçant. Et méprisant pour les bénévoles qui assurent l'animation de ce parc unique de 12 hectares.

Marie-Christine et Maxime se sont essayés aux jeux d'époque.

J'ai personnellement apprécié la partie consacrée aux costumes d'époque, même si je me suis pris la porte de la masure qui les abrite en pleine tête. Ils étaient petits, les Bretons du XIXème...  Une animation amusante qui plaira aux enfants: la prairie avec les jeux d'époque. Plusieurs ne sont pas sans rappeler de vieilles traditions tournaisiennes comme la boule carréaulée. 

Il y a encore Er Skol à visiter, l'école en Breton, avec de vieux bancs que j'ai encore connus lors de mes deux années d'école primaire en Belgique avec l'encrier incorporé. Il ne faut pas quitter le site sans avoir goûté au cidre local, très bon, du moins le demi-sec que j'ai commandé. Poul-Fetan vaut le détour. Les premières fermes remontent au XVIème siècle. Elles ont abrité en 1850 cinq familles de propriétaires. C'est la commune de Quistinic qui a acheté et restauré le site après le départ des derniers habitants. Poul-Fetan vous convie à un beau voyage dans le passé. 

Poul-Fetan, un site exceptionnel qui représente un ancien village breton.

Poul-Fetan se situe dans la commune de Quistinic.

Le long de la panne Loïc Caradec.

Pour notre deuxième excursion, nous sommes revenus au bord de la mer. Morbihan ne signifie-t-il pas la petite mer en Breton? Elle nous attire irrésistiblement, même après en avoir profité au maximum pendant notre première semaine à Belle-Ile-en-Mer. Direction: Trinité-sur-mer, le point de départ de nombreuses courses de voilier. Nous avons visité en premier la panne Loïc Caradec, du nom du navigateur français disparu à 38 ans le 13 novembre 1986 lors de la route du Rhum.

On peut découvrir le long de cette jetée des trimarans qui sont d'impressionnantes machines de course. C'est un incontournable pour tous les amoureux de la voile. Des panneaux didactiques donnent des explications sur chaque bateau. Cela donne envie de prendre la mer. Personnellement je préfère les embarcations plus petites. Les monocoques me font davantage rêver. 

Des bêtes de course, les trimarans de la panne Caradec.

Nous avons emprunté le chemin douanier, un très beau sentier côtier qui donne une vue imprenable sur Trinité-sur-Mer et sur la baie de Quiberon. J'y ai même surpris un bel échassier blanc, une Aigrette garzette me semble-t-il.  Nous aurions voulu aller jusqu'aux marais salants, mais il fallait reprendre la voiture avant que les agents du parking communal ne sévissent au bout des deux heures de stationnement autorisé. Les vacanciers se font de plus en plus nombreux en ce début de juillet et il devient de plus en plus difficile de trouver rapidement un endroit où se garer.

Le long du chemin douanier.

Beaucoup de communes bretonnes portent des noms de saint, comme Saint-Philibert qui, selon la légende, serait arrivé d'Irlande en Bretagne en naviguant dans une auge (ou mangeoire) de... pierre. La petite chapelle éponyme (ou église Notre-Dame de la Nativité), près de la rivière Ster vaut le coup d'œil pour sa voûte étoilée et ses ex-voto qui représentent des bateaux.  

Saint-Philibert et la chapelle du même nom le long de la rivière Ster.

La journée s'est terminée à Locmariaquer. Nous aurions aimé découvrir le plus grand menhir d'Europe, mais le site des mégalithes est fermé le lundi. Un couple de touristes que nous avons croisé était aussi déçu que nous à la porte d'entrée. Nous avons par contre vu le dolmen de Mane Rutual, presque au cœur du village, mais on ne peut pas l'approcher car il a été dégradé par le passé par des visiteurs qui y ont même fait des feux de camp. 

Pour nous consoler, nous avons mangé une crêpe à la Crêperie des Iles dans le port de Locmariaquer. Ce n'est pas la meilleure que j'ai dégustée, mais c'était une façon typiquement bretonne de boucler notre deuxième excursion. Il y a d'autres menhirs à découvrir et d'autres crêpes à dévorer...

Locmariaquer et le dolmen de Mane Rutual.